Depuis longtemps, je me questionne sur l’importance de la génétique en course à pied et dans les sports d’endurance en général. Son rôle dans nos performances de coureur amateur n’est-il pas un peu surfait ? En gros est-ce qu’on ne surévalue pas un peu son importance ?
Attention, je ne suis clairement pas en train de dire que la génétique n’a aucune incidence sur la performance évidemment. C’est facile d’observer que nous avons tous un physique différent par exemple. On ne le choisit pas et ces caractéristiques physiques vont être une aide ou au contraire un limiteur vis à vis de la performance sportive. Et il y a aussi ce qu’on ne voit pas, des capacités physiologiques plus ou moins adaptées pour la course.
Génétique en course à pied : tous différents… à 0,01 % près
Deux êtres humains identiques n’existent pas. Le matériel génétique est différent pour chacun d’entre nous. Mais nous en partageons tout de même 99,9%. Fondamentalement nous sommes donc très peu différents les uns des autres.
Ça n’empêche pas la génétique de jouer un rôle important pour autant. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas la place à une belle progression. En fait, quel que soit le niveau de base, on peut avoir des résultats tout à fait corrects pour n’importe quelle personne qui s’investit suffisamment longtemps pour pouvoir en voir les effets. C’est ça que je trouve fondamentalement intéressant !
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Un potentiel différent, mais un potentiel pour tous !
Nos capacités de base sont ce qu’elles sont, il faut faire avec, point. C’est peut-être « dur » ce que je vais dire, mais ça ne sert à rien de s’apitoyer sur son sort en se disant qu’on n’a pas la génétique pour être meilleur. Au contraire ça tire vers le bas de penser comme ça. Je vois beaucoup trop de monde qui est défaitiste en se comparant avec les autres.
Et souvent, c’est avant même d’avoir pris le temps de faire plusieurs années d’un plan d’entraînement bien construit et permettant de voir une progression. La progression se construit sur le long terme que le coureur soit plutôt doué de base ou pas. Nous avons tous un potentiel de progression important.
Avantage génétique en course à pied chez les kenyans ?
C’est comme les athlètes élite européens qui se plaignent de voir les kenyans tout rafler. Malgré les études sur le sujet qui s’accumulent, il n’y a aucunes preuves significatives scientifiquement, que les kenyans ont des gènes différentes. Pourtant les observations sont claires : les kenyans ont un avantage quelque part. Mais il n’est pas forcément génétique.
Il est peut-être environnemental, les hauts plateaux et leur climat sont propices à l’entraînement d’endurance. Mais il y a un facteur primordial qui n’est plus à démontrer chez les kenyans. Je parle de leur capacité à travailler extrêmement fort pour atteindre leurs objectifs. Ils font tout pour n’avoir littéralement aucune autre préoccupation dans leur vie.
Et là, on a sûrement la formule magique de la réussite des kenyans ! N’oublions pas que 2 de ces 3 critères sont « accessibles » aux européens. Et on voit bien avec des coureurs comme Julien Wanders qui vit depuis plusieurs années « à la kenyane » que ça paye !
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Une génétique « dans la moyenne » permet de belles performances !
Pour revenir à nos moutons d’amateurs, le point positif, c’est qu’il n’y a pas forcément besoin une génétique de fou pour avoir un niveau très correct et se faire plaisir à progresser ! La génétique ne représente en effet qu’une partie de l’équation de la performance sportive. Ce niveau de base va pouvoir énormément évoluer sur le long terme. Et c’est vrai pour n’importe quel coureur !
Je pense que c’est la même chose quand on pense avoir atteint notre « limite physique ». J’ai utilisé ce terme dans le passé et des années plus tard j’ai compris que cette limite est beaucoup plus loin que ce que j’imaginais.
Cette « limite physique » existe. Pour connaître cette limite, il faudrait optimiser à 100% les capacités que notre génétique nous permettait d’obtenir. Celle-là je suis convaincu que très très très peu d‘amateurs l’atteindront un jour. Car au final on peut toujours améliorer quelque chose et faire progresser tel ou tel paramètre.
La limite que l’on rencontre n’est pas vraiment physique en tant qu’amateur, c’est une « limite de progression atteignable avec un investissement donné ». C’est le jeu d’un amateur qui a bien d’autres choses à se soucier que son niveau en sport ! Tout ce que vous faites en dehors diminue votre capacité à progresser.
Oublions la génétique 2 secondes
J’aimerais tellement pouvoir réaliser une étude scientifique d’envergure sur le sujet du rôle de la génétique en course à pied. Mais vous allez voir qu’elle n’est pas prête d’arriver vu le coût que cela aurait ! ;)
Je vous donnerais un congé payé de 5 ans à partir d’aujourd’hui pour vous développer autant que possible sportivement. Vous seriez surpris de ce que votre corps sera capable de faire à la fin de cette période (et même bien avant). Les pros sont infiniment meilleurs que nous grâce à leur génétique supérieure. Mais aussi et surtout parce qu’ils ont façonné leur corps depuis des années et des années ! D’ailleurs, un des critères pour devenir un champion, c’est de démarrer le sport tôt ! Plus on est jeune, plus le corps est malléable et est capable de progresser. Mais je m’écarte du sujet.
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Différents profils de progression avec une génétique différente

- Ceux qui sont naturellement dotés de capacités physiques supérieures vont pouvoir potentiellement devenir des champions avec le temps
- Ça veut aussi dire qu’un coureur aux capacités très moyennes va pouvoir obtenir des résultats très corrects au fur et à mesure des années de travail.
- Et ça veut même dire qu’un coureur aux capacités physique en dessous de la moyenne va aussi pouvoir avoir un niveau tout à fait honorable.
20% de progression pour tous ? C’est un minimum !
Avec toutes les observations et les lectures scientifiques que j’ai pu faire, je suis assez convaincu qu’une progression d’environ 20% est un objectif atteignable par la majorité des coureurs si on regarde vraiment sur le long terme. Et c’est énorme !
On parle d’environ 10’ sur un 10km pour la majorité ou encore de près d’1h sur marathon ! Évidemment je parle par rapport à un niveau de départ, non entraîné. Si vous étiez déjà sportif et a fortiori dans un sport développant l’endurance, c’est sûr que ça va diminuer ce pourcentage.
Pourquoi suis-je assez peu précis sur le pourcentage et sur les résultats potentiels ?
Parce qu’il a aussi été montré que différents individus vont répondre différemment à l’entraînement. Certains vont avoir un potentiel de progression limité, peut-être 10%. D’autres un gros potentiel de progression, peut-être 30%. Personnellement j’ai augmenté ma VMA de 30% depuis mes débuts il y a 16 ans donc j’y crois. Mais ça prend du temps, il faut être patient et régulier !
Vous comprendrez que les grands gagnants sont ceux aux capacités de base importante et qui cumulent un gros potentiel de progression. Et que les moins chanceux cumulent capacités de base limitées et potentiel de progression faible.
Mais rassurez-vous, on parle des extrêmes ! Il y a très peu de gens ayant la capacité d’être pro comme je suis sûr qu’il y a tout aussi peu de gens qui cumulent tout le négatif et n’aurait donc aucune chance d’avoir un niveau décent. Pour la grande majorité, on va être quelque part entre les deux !
Je vous remets cet extrait d’une étude scientifique qui montre la progression des coureurs de l’étude. Pour info ils ont suivi le même plan d’entraînement ! :)
Quelques exemples de progressions intéressantes :
Et ça c’est la bonne nouvelle car ça veut dire que la grande majorité d’entre vous peuvent avoir la progression que j’annonce ! Maintenant je vais vous aider à comprendre les progrès que vous pourrez obtenir si vous vous investissez vraiment dans votre pratique de la course à pied. Je vais prendre quelques exemples réels et les analyser. Niveau de base, progression et surtout qu’est-ce qui a pu amener cette progression.
Exemple 1 : Audrey
Premier exemple, une amie qui a longtemps cherché à améliorer son allure de course à pied et passer sous les 1h au 10km soit 6’/km. Elle a eu de la difficulté à casser cette barrière mais elle n’a jamais lâché et à un moment ses efforts ont payé et c’est passé ! Ensuite, elle ne s’est plus arrêtée de progresser. En 2018 elle a couru un semi-marathon en passant au 10km en moins d’une heure. Ce 1h au 10km qui lui résistait, elle l’a fait deux fois de suite !
Et aujourd’hui elle s’entraîne pour courir un marathon toujours autour de cette allure de 6’/km. Vous voyez un peu cette belle progression ! Clairement, ça n’est pas lui faire injure que de dire que ça n’est pas grâce à ses capacités physiques de base qu’elle a atteint ce niveau. Elle aurait clairement pu faire partie de tous ceux qui abandonnent en cours de route pensant que la course n’est pas pour eux.
Pourtant, avec un entraînement régulier, efficace, avec beaucoup de motivation, de persévérance dans cet entraînement, sur le long terme ses résultats sont arrivés ! Il n’y a rien de magique là-dedans, c’est juste 100% mérité ! Personnellement je suis fan de ce genre de progression ! Elle montre vraiment que n’importe qui peut faire de belles choses en y croyant !
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Exemple 2 : Un coureur qui était moyen à ses débuts.
Passons à un 2ème exemple intéressant. C’est un coureur moyen de base. Pas mauvais, mais pas bon non plus. Mais ce coureur a une qualité qui va beaucoup jouer sur sa progression : la ténacité. Tiens, la même que dans notre premier exemple ! Mais on y reviendra.
Bref, c’est de moi que je vais parler. Ça vous semble peut-être déplacé de parler de coureur moyen avec mes résultats actuels ? C’est parce que je ne vous parle pas d’aujourd’hui mais du moi d’il y a 15 ans quand j’ai commencé à courir. À cette époque je vous le répète j’étais très moyen et je n’en rajoute pas.
Des résultats tout à fait standards
Regarde un peu mes résultats, ils ne mentent pas. Si je prends mes résultats en cross-country sur plusieurs années, c’est flagrant. 28ème sur 57, 22ème sur 30, 34ème 60, 43ème sur 67. Et je vous parle juste de courses départementales et régionales rien de plus haut. Bref quand j’étais dans la première moitié du classement c’était la fête !
Regardons maintenant la distance que j’affectionnais le plus sur piste à l’époque, le 800m. Et bien dans ma meilleure année, j’ai fait un temps de 2’05″06, après 8 ans à essayer de m’améliorer. Et bien, cette saison je finis 1332ème sur 3227 des bilans français. Rien de bien glorieux vous l’admettrez ! :)
Morale : Une belle progression est possible quelle que soit votre génétique en course à pied
Ne regardez pas juste la partie émergée de l’iceberg avec mes chronos d’aujourd’hui. Dites-vous que quel que soit votre niveau aujourd’hui, en vous entraînant efficacement sur une base régulière vous pouvez avoir des résultats intéressants à long terme. Regardez un peu ce que ça a donné pour moi sur semi-marathon, la distance ou j’ai le plus couru et ai donc le plus de repères de progression à vous montrer.
Le 1h28 en 2013, vous allez me dire que c’est déjà au-dessus de la moyenne. Bien sûr mais ça faisait déjà quasiment 9 ans que je courais, ça donne quand même une grosse base ! Si je l’avais couru à mes débuts en 2004, j’aurai peut-être fait 1h45 ou 1h50. Un temps très honnête mais qui est juste dans la moyenne des participants. Pour arriver à 1h15 en 2019, il a fallu beaucoup d’efforts et optimiser beaucoup de choses.
Croyez en vous, soyez patient et tenace, vous serez récompensés !
Bref, je n’utilise pas mon exemple pour me faire mousser. Je l’utilise pour montrer que l’important n’est pas de progresser beaucoup et rapidement. L’endurance est un sport de patience et il est donc plus réaliste d’espérer de petit progrès, régulier sur plusieurs années. Et pour continuer de passer les paliers une fois que vous n’arrivez plus à progresser avec votre entraînement actuel et bien souvent il faut en faire un peu plus.
>> À LIRE : Vous ne progressez pas ? 5 exemples analysés pour vous aider !
Sinon il faut accepter qu’on puisse voir notre « limite de progression atteignable avec un investissement donné » que je citais au début. Aucune honte à ça encore une fois. La course à pied est un loisir et c’est normal de ne pas choisir de lui donner une place prépondérante dans sa vie. C’est dans la majeure partie des cas la bonne solution ! Ne vous mettez simplement pas des objectifs trop élevés, qui ne seraient pas en adéquation avec ce choix.
J’ai bien aimé l’article.. Je l’ai lu jusqu’au bout mais il y a un facteur que je n’ai pas trouvé.. enfin tu l’as passé très vite en revue, alors qu’il me semble très pertinent sur ce sujet: l’âge !
Comment influe l’âge sur notre progression ? Existe-t-il un age à partir duquel on ne peut plus espérer progresser ? Est-ce que cette limite arrive plus vite en s’entrainant beaucoup ou pas (fatigue et usure du corps) ?
En poussant aux extremes: Si on pouvait garder indéfiniment notre corps dans sa meilleure forme, sans subir les effets de la vieillesse, pourrait-on progresser indéfiniment ?
À développer…
Eh oui, à partir d’un certain âge (j’ai 63 ans ;-), ne pas reculer est déjà un grand progrès. Et d’ici quelques années, il faudra que je me félicite si j’ai réussi à limiter le recul (jusqu’au jour où il faudra être content de pouvoir encore courir un peu).
Un autre aspect stratégique est la sensibilité aux blessures, qui peut être un frein important à un entraînement régulier et/ou intensif.
Ce serait bien que tu mettes des références aux ouvrages dont tu tires tes données et tes graphiques. Copier-coller un graphique sans en donner la provenance ne respecte pas les droits d’auteurs, et peut laisser croire aux lecteurs que les données sont le fruit de tes propres travaux de recherche, alors que ce n’est pas le cas. Tu résumes le travail d’autrui, c’est bien; leur donner le mérite, c’est mieux.